• Le Pouvoir du Destin

     

    Le Pouvoir du Destin

    Le Pouvoir du Destin

      Je ne pense pas que j’aurais vécu cette vie si je ne l’avais pas rencontré. C’était notre destin, nous devions nous croisé. Un jour, à une heure, dans une ville que je ne connaissais pas, je me suis arrêtée, fatiguée de ma longue marche. Cette auberge un peu vieillotte d’apparence, était vraiment chaleureuse et ses propriétaires étaient réellement sympathiques. Mais pourtant, malgré le poids de ma journée et de mes peines sur mes épaules, quelque chose d’inconnu me poussa à sortir. Je marchai sans but dans la ville, errant à travers les rues sombres et froides. Je ne croisais que quelques chats de gouttière qui se battaient pour des restes de poissons. Puis mes pieds m’emmenèrent près de la forêt, et sans que je sache comment, je me retrouvais assise sur la colline à l’orée du bois à contempler les étoiles. Ces étoiles qui brillaient toujours quelque soit le temps, et qui étaient toujours aussi belles. Je soupirai et m’allongeai en fermant les yeux. Alors que je rêvassais doucement en sentant la douceur de la brise sur mon visage, j’entendis un craquement derrière moi. Je me relevais vivement et guettais les environs, mon cœur battait à une folle allure et mes muscles se contractaient à chaque bruit. Puis dans un buisson, je vis deux points dorés scintillés, nul doute, c’était un balkan, très reconnaissable à leurs yeux jaune luisant dès qu’ils trouvent une proie. Prise d’effroi, je criai en courant le plus vite possible vers la ville mais je fus rapidement rattraper. Alors frapper par le désespoir, je trébuchais, tombai à terre et me mis en position de défense en attendant le moment où il allait me toucher. Mais je ne ressentis rien ! J’entendis juste un couinement plaintif et des pas précipités. J’ouvris les yeux, et vis le dos d’une personne, un dos revêtu d’une grande cape brune, la personne écartait les bras et devant lui, la colline avait à moitié disparu.

    -Oups, j’y suis allé peut-être un peu trop fort ; constata une voix masculine.

      La personne qui s’avérait être un homme se retourna et me regarda avec surprise. Je restai bouche bée devant lui. Alors que nous nous regardions dans le blanc des yeux, ses cheveux mi-longs flottaient au vent et sa cape laissait apparaître un corps blessé. Puis il s’effondra, paniquée, je m’approchai et l’examinai, il était très gravement blessé, et à demi-conscient. Alors je décidai de le ramener à mon auberge. On pouvait croire que je n’en avais pas la force mais mes bras étaient plutôt puissants. Bien que ce fut périlleux, je réussis à le ramener, je l’étendis sur mon lit et lui retira sa cape, avant d’aller chercher ma trousse de soin. Je soignais chacune de ses plaies avec délicatesse afin qu’il ne souffre pas trop. Ses blessures étaient assez sérieuses mais pas trop profondes tout de même. Je me demandais comment il avait tenu tout ce temps, car il était clair que certaines de ces blessures ne dataient pas de la veille. Je le bandai doucement en soulevant calmement son torse. Puis mon travail étant achevé, je le recouvris d’une couverture pour qu’il n’ait pas froid. Je restai à côté de lui à veiller jusqu’à très tard dans la soirée, je décrivais les traits de visages, détaillaient ses fines lèvres rosés entourés de sa barbe de trois jours, puis je survolais ses paupières endormies avant de me perdre dans ses cheveux de feu d’aspect si doux et soyeux. Sa poitrine se soulevait légèrement au rythme de sa respiration et son souffle seul, envahissait l’espace de la petite chambre. Ce fut en détaillant chaque recoin de ce bel inconnu venu pour me sauver que je m’endormis.

      Je me réveillai, le lendemain matin, par la lumière du petit jour qui traversait la fenêtre. Une couverture recouvrait mes épaules, et le lit, en face de moi, était vide. Je relevai ma tête précipitamment et cherchai partout dans la petite chambre, espérant trouver une trace de vie. Trace que je décelai grâce à la lumière de la minuscule salle de bain. Je me levai et m’approchai doucement,  j’écoutai l’eau couler du robinet un peu défaillant, puis s’arrêter. J’attendis deux secondes, puis trois, et quatre, quand la porte s’ouvrit à la grande volée. Je sursautai et manquai de tombée mais le jeune homme d’hier me rattrapa. Nous restâmes quelques minutes à nous dévisager avant qu’il ne souffle.

    -Vous savez que ce n’est pas bien d’écouter aux portes !

      Je rougis violement en entendant cette réflexion et m’excusai en m’échappant de ses bras musclés. Il retourna vers le lit et s’y assit.

    -Hum…euh…merci… pour m’avoir sauvé…hier ; balbutiais-je.

    -Ce n’est rien ! Je ferais toujours tout pour sauver une jolie demoiselle en détresse ; déclara-t-il.

      Mon visage prit une teinte cramoisi à l’entente de ce compliment très flatteur, j’essayai vainement de trouver quelque chose à redire mais la seule phrase qui sorti fut.

    -Quel est votre prénom ?

    -Ça c’est un secret ! me répondit-il.

    -Un secret ? répétais-je assez surprise. Tanpis alors, comment je pourrais vous remercier de m’avoir sauver ? demandais-je en reprenant mes émotions.

    -Vous avez déjà fait beaucoup en me soignant ; signala-t-il.

    -Non, ça ne marche pas, vous étiez blessé, je ne pouvais pas vous laisser pour mort, surtout que vous auriez pu vous blesser à cause du Balkan ; débitais-je.

    -Très bien, comme vous voudrez, alors un repas me ferait plaisir.

    -D’accord allons-y pour un repas.

      Ce fut à partir de cette rencontre que tout commença. Je l’emmenai dans un restaurant où il mangea comme quatre et me raconta toute son aventure qu’il l’avait mené jusqu’à cette forêt. Je n’avais jamais été aussi heureuse depuis la mort de mes parents, il me faisait rire, il me faisait sourire, trembler, frissonner de plaisir, c’était un sentiment que je n’avais pas ressenti depuis bien longtemps. Sentiment qui ne fit que s’accroître plus le temps que je passais avec lui. Nous passâmes plusieurs jours ensemble, le temps que ses blessures cicatrisent, et pendant ces quelques jours où j’étais en sa compagnie, mes sentiments naissants étaient devenu très importants, et le lien qui nous reliait était d’une incroyable force. J’étais éperdument amoureuse de lui, cet homme qui m’avait sauvé en surgissant de l’ombre, cet homme qui avait su briser la carapace froide que mon cœur avait réussi à érigé pour qu’aucunes de mes émotions ne sortent. Je l’aimais plus que tout, je le regardais tendrement et le couvais de mon amour même s’il ignorait tout, jusqu’à ce jour. Alors que ses blessures étaient enfin guéri, j’étais tellement triste, je savais que j’allais devoir le quitter, il fallait que je retourne dans ma ville natale, et lui devait rentrer chez lui, mais pourtant, je ne voulais pas le laisser, alors j’essayais de rien laisser paraître. Nous marchions dans le parc d’à côté en revenant du marché pour préparer nos provisions quand nous nous arrêtâmes près d’un cerisier en fleur.

    -Dis ; demandais-je ; je ne sais toujours pas ton nom.

    -Hum, c’est vrai, mais moi non plus, je ne connais pas ton nom.

      Je regardais l’arbre en fleur, et me disais que mon amour était comme ce cerisier, court mais beau. Alors sans que je puisse m’y en n’empêcher, de grosses larmes coulèrent sur mes joues, des sanglots me secouèrent violement. J’étais tellement triste de devoir le quitter, tellement brisée de ressentir autant de sentiments pour un homme que j’ai rencontré il n’y avait que quelques jours. Mon bel inconnu, se retourna et voyant mes sanglots, il me prit dans ses bras si réconfortant. A l’idée de ne plus jamais ressentir ce réconfort mes pleurs redoublèrent.

    -Pourquoi pleures-tu, ma douce ? demanda-t-il calmement.

    -Je … je ne veux pas… que tu partes ! sanglottais-je.

    -Qui a dit que je partais ?

    -Tu dois… retrouvé ton foyer ; articulais-je en essayant de me calmer.

    -Mon foyer ? répéta-t-il avant de plonger son regard dans le mien. Tu sais de toutes mes rencontres, et crois-moi j’en ai eu beaucoup, tu es la première femme qui me rend ainsi. Je n’ai jamais ressenti d’émotions pareilles avant de te rencontrer. J’ignore comment tu fais mais on dirait que tu m’as ensorcelé.

    -Non, c’est toi qui m’a ensorcelée ; pleurais-je.

    -Sèche-moi ces larmes, ma petite, tu es dix fois plus belle avec ton grand sourire.

    -Je ne peux pas ! Je ne veux pas que tu partes, je… je t’aime !

    -Tu…

      Alors que je baissais mon visage pour cacher ma honte et pour pleurer encore plus, il le releva et sécha mes larmes de ses pouces. Il plongea ses beaux yeux ébène dans mon regard améthyste, et me dit ces deux mots qui bouleversèrent ma vie.

    -Moi aussi.

      Il déposa tendrement ses lèvres sur les miennes dans un baiser timide mais plein d’amour. Son regard brillait quand nous dûmes nous séparer et je l’embrassai de nouveau en mettant mes mains dans ses cheveux roux pour l’accentuer. Il me prit par la taille et m’attirai au plus près de lui, lorsqu’il se détacha de moi, il me souffla à l’oreille.

    -Je me nomme Gildarts Clive, enchanté.

      Un sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je soufflais à mon tour.

    -Et je suis Cornélia Alperona, ravie de vous connaître.

      Ainsi fût la naissance de notre amour éternel et innocent. Vous connaissez tous la suite, nous vivions ensemble pendant quelques années avant de nous marier mais beaucoup prit par son travail, je ne voyais pas souvent mon époux. Alors je dus me séparer de lui car notre relation ne pouvait plus durer comme ça. Et juste après notre séparation, j’appris que j’étais enceinte de lui. Alors pendant les neuf mois de ma grossesse, je le cherchais dans tout le pays, pour lui annoncer la nouvelle mais il était introuvable. Puis je mis au monde une petite fille, que je nommais Cana, elle est brune avec des yeux violets comme moi et pourtant je voyais déjà les traits de son père à travers son petit visage de bébé. Pendant les six années qui suivit sa naissance, je la voyais grandir, évoluer et plus elle vieillissait plus, elle ressemblait à son père. Père que je n’ai pas cessé de chercher à travers tout Fiore, mais aucunes de mes recherches ne fut fructueuses. Je ne pus jamais l’oublier, Gildarts était tout pour moi, mais quelle idiote j’avais été de le quitter, simplement parce qu’il était absent. Je l’aimais plus que tout, et rien de remplaçait ce sentiment que j’éprouvais pour lui, pas un jour, pas une minute je ne pensais pas à lui, il avait été mon premier et unique amour. Toute ma vie, je regrettais de l’avoir laisser partir loin de moi, et ce sentiment s’accentuait lorsque je voyais notre fille grandir et s’épanouir. Elle était si belle, si intelligente, elle lui ressemblait tellement, je voyais en elle déjà une merveilleuse jeune femme. Je la couvais autant que je pouvais de mon amour. Mais je voyais bien que parfois un père lui manquait, alors je pleurais mon erreur, seule dans ma chambre, en regrettant que ma fille n’ait jamais pu connaitre son père, et lorsque je sortais, j’affichais une mine souriante pour que ma fille ne s’inquiète pas. Si seulement elle savait à quel point j’étais désolée, j’aurais tant voulu qu’elle le rencontre mais si seulement j’arrivais à le localiser, je n’ai aucunes nouvelles de lui. La dernière fois que je l’ai vu, c’est lors de notre séparation, et il m’avait dit qu’il devait partir pour quelques mois, et c’était pour cette dernière expédition que j’avais craqué. Je  le regrettais tellement, si j’avais su, je l’aurais retenu. Je passai toute la fin de ma vie à le chercher en vain, et ce qui devait arriver arriva.

      C’était à Magnolia, nous étions en train de jouer dans le parc. Cana semblait si heureuse et épanouie, elle jouait avec les autres enfants avec tellement d’entrain. Mais mon bonheur ce jour-là fut de courte durée, alors que je me dirigeai vers elle, mon cœur rata un battement et je m’effondrai sur le sol, la seule chose dont je souvins, fut les yeux aubergine tout embués de larmes de ma petite chérie. Lorsque je me réveillai, j’étais dans un lit d’hôpital, ma douce Cana s’était endormi à mes côtés en attendant que je me réveille. Le médecin vint à ma rencontre avec une mine grave. Il m’annonça que j’étais atteinte d’une leucémie au stade final et que j’allais sûrement mourir dans les mois à venir. Mes yeux s’humidifièrent alors d’un coup, et je pleurais de grosses larmes en regardant ma fille et en lui caressant les cheveux. Je n’avais que quelques mois à vivre, j’allais devoir laisser ma petite fille toute seule dans ce monde impitoyable. Chaque jour qui passèrent après cette annonce fût triste et morose, et pourtant je ne laissais rien paraître pour que ma douce enfant n’est qu’un bon souvenir de moi. Je devais rester à l’hôpital tandis que l’assistante sociale s’occupait d’elle, le jour. Je mourus un mois plus tard, en laissant derrière moi, une petite fille éplorée, un regret amer d’une erreur qui m’a détruite, un amour perdu et toute une vie. J’aurais tant voulu que tout ceci ne soit pas comme ce l’était, j’aurais tant voulu vivre une vie heureuse avec mon grand amour et ma progéniture. Mais ce n’était pas le cas, la vie en avait décidé autrement. Je léguai tout ce que j’avais à ma fille ainsi qu’une lettre où j’y ai mis tout mon amour.

    « Ma tendre et douce fille, Cana,

      Ne pleure pas ! Je n’ai pas disparu, j’ai simplement rejoins un monde où tu ne peux pas me voir. Mais dans très très longtemps, tu me rejoindras et je verrai à quel point tu as grandi et que tu  es devenue une belle jeune femme. Tu sais, ma fille, depuis ta naissance, je te couve de mon amour pour que tu oublies que tu n’avais pas de père, mais je voyais bien à quel point ça t’attristait de ne pas le connaître. Je vais te révéler quelque chose. Je l’ai toujours cherché, pour toi, pour moi. J’ai toujours regretté de l’avoir quitté, j’aurais tant voulu que tu le connaisses, c’est un homme formidable. Tu lui ressembles beaucoup ! Je suis vraiment désolée, si je pouvais tout changer, je le ferais, mais c’était ma destinée, et je n’y peux rien. J’ignore où il se trouve mais si tu veux le rencontrer, je vais comme même te dire qui il est. Ton père se nomme Gildarts Clive, je l’aimais sincèrement et je n’ai jamais cessé de l’aimer. Fais ce que tu veux de ta vie, mais n’oublie pas, tu ne peux jamais changer ta destinée, elle est déjà écrite et tu ne fais que la suivre.

      Je t’aime de tout mon cœur, ma chérie, tu as été ma raison de vivre pendant toute ton existence. Grâce à toi, tous les moments de douleurs paraissaient joyeux et heureux. Je te remercie, répand ce bonheur et cette joie de vivre partout autour de toi ! Tu as été la meilleure chose qui me soit arrivé dans ma vie.

      Je t’aime, vis ta vie. Ta maman,

    Cornélia »

     

      J’adressai mes adieux à ma fille, tout en pensant à mon amour et à ma vie. Maintenant, je vis dans la mémoire de Cana et dans celle de Gildarts, et je veille sur eux du ciel, tout en souriant aux épreuves que la vie malicieuse, leurs imposent, et à leurs victoires face aux obstacles. Cana, ma fille, je t’aime plus que tout au monde. Gildarts, mon amour est éternel, c’est toi qui m’a ensorcelée ! La destinée m’a donné un bonheur immense que j’ai brisé par une erreur, mais personne ne peut transformer le cours du destin, alors je sais parfaitement que j’ai mérité de vivre cette vie, et que de toutes façons, je n’y pouvais rien. Ainsi est le pouvoir du destin.


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